L’oisiveté au pouvoir
Je travaille à ne rien faire de productif et j’y travaille avec application, sans ménager mon temps.
Il faut un certain talent pour devenir un parasite, un inutile, un bon à rien, un raté, un loser, une grosse merde.
Je vais d’ailleurs écrire un livre.
(Th.R.)
Thierry Roquet est né en 1968 en Bretagne, il vit depuis 15 ans à Malakoff, dans la banlieue parisienne. Adolescence solitaire, études écourtées, divers boulots alimentaires, des lectures marquantes, une belle histoire d'amour, et puis la poésie en prose... et un attrait assez tardif, mais de plus en plus fort, pour les aphorismes (ou vers toute forme courte s'en approchant).
L’auteur a publié
Pleines lucarnes (écrit avec François-Xavier Farine), Gros Textes, 2016
Le cow-boy de Malakoff, Pédalo Ivre, 2014
Comme un insecte à la fenêtre, Gros Textes, 2011
Participation au collectif Perrin Langda & compagnie, Mauvaise Graine, 2015
Participation au collectif Thierry Roquet & compagnie, Mauvaise Graine, 2014
Participation au collectif Assortiment de crudités, recueil de nouvelles érotiques, Cactus Inébranlable, 2013
Participation au collectif Buk You ! Gros Textes, 2013
En toute franchise
Je ne suis pas plus con qu’un autre mais ça reste à prouver.
Pâques, mais pas que
Les parents ont planqué des œufs dans le jardin. Un doute terrible étreint la mère :
— Et si les enfants découvraient un cadavre enterré chez nous ?
— Lequel ? lui répond le mari.
À l’index !
Dieu a vu mourir tellement de gens sans lever le petit doigt qu'on peut bien en faire autant avec lui.
Presque du Brassens
« Les amoureux qui s’bécotent sur les talibans publics… ».
Mon amour qui tourne en rond
Faire l'amour avec toi c'est comme redécouvrir à quel point j'aime faire l'amour avec toi.
Combat à mort
Nous avons parlé de tout et de rien ; au final, c'est le rien qui l'a emporté.
Courir après l’insaisissable
Le bonheur existe, bien sûr, mais il suffit d’en parler pour qu’il s’en aille aussitôt.
Voyage, voyage
— Où allons-nous, mon amour ?
— Nulle part, il me semble.
— Tu as raison, c'est ce qu'il y a de mieux à faire.
Doigt, doigt mon doigt
Se tourner les pouces peut provoquer de douloureuses inflammations.
Passantes, passants !
Les gens passent sous ma fenêtre.
Je pourrais leur pisser dessus.
Pour l'instant, je me retiens...
Contradiction
J'apprécie le silence, mais chut, cette phrase est déjà trop bruyante.
Le meilleur des mondes
Un travailleur qui travaille c'est normal, un chômeur qui chôme c'est également normal. Pourquoi vouloir modifier ce si bel équilibre ?
Rencontre de qualité
— Bonjour, je pratique assidûment la branlette intellectuelle.
— Enchanté, moi j’encule régulièrement des mouches.
Un vieux mytho
— Je suis incontinent.
— À toi tout seul ?
Promenade nocturne, la tenir en laisse
— Je vais promener ma bite, ma chérie.
— Ne rentre pas trop dur, mon chéri.
Slogan
L’espoir fait vivre surtout ceux qui nous en vendent.
Incognito
Aux alcooliques anonymes, il rencontra une femme née sous X et un soldat inconnu.
Sur le blog "Les belles phases" (Denis Billamboz, le 20 novembre 2016)
Thierry ROQUET
L’AMPLEUR DES ASTRES
Cactus Inébranlable
Thierry Roquet, poète éponyme, d’une rue parisienne plus connue pour ses bars et ses fêtards que pour ses belles lettres, a pour une fois déserté le terroir des vers pour s’adonner aux textes courts, aux aphorismes et autres jeux sur les mots, au creux de ce recueil, j’ai même déniché un joli zeugme : « Je vais noyer mon chat et mon chagrin » (j’en ai peut-être laissé filler d’autres). Il a eu l’excellente idée de prendre la précaution de placer ce premier recueil sous la bénédiction d’un expert en la matière, l’héritier des Scutenaire, Sternberg et autres surréalistes belges, Eric Dejaeger. « C’est vraiment, mousseusement et chaleureusement que je tiens à remercier Eric Dejaeger pour sa lecture et ses encouragements. » Ainsi adoubé par le maître, il avait mis les meilleurs atouts dans ses pages pour que notre lecture commence sous les auspices les plus favorables.
Je ne connais pas Thierry Roquet mais, d’après ses textes, je l’imagine narquois, rusé, matois, observant avec ironie ses concitoyens se débattant gauchement contre tous les petits tracas du quotidien en se gardant bien de leur adresser le conseil qu’il réserve à ses lecteurs : pour se débarrasser des ennuis et des fâcheux, « Il faut voir les choses en face, attendre qu’elles se retournent et leur foutre un grand coup de pied au cul ». C’est pourtant tellement simple !
Lui, on ne sait pas comment il se débrouille avec la vie même s’il laisse traîner quelques indices, il semble courageux, « Il est passé sous six lances et n’a même pas hurlé », en éveil ,« 24 heures sur 24 – Je vis au jour le jour, surtout la nuit » et toujours prêt à affronter l’ennemi, « Fort comme un chêne – Glander, c’est résister à l’occupation ». Tout ça n’est qu’hypothèses récoltées dans un tas de mots auquel l’auteur sait faire dire ce qu’il veut bien nous faire croire, il sait bien que les mots sont espiègles et joueurs. Nous retiendrons cependant cette sentence qui semble beaucoup plus crédible : « L’amour est trop sérieux. Moi, j’ai beaucoup d’humour à donner ».
Et nous l’accompagnerons quand il fera son « Retour vers l’avant – je vais retourner dans le passé pour que mes arrière-pensées deviennent des pensées », des pensées pas trop sérieuses évidemment des pensées pleines d’humour comme il l’a promis lui-même.
Pour un essai c’est un coup de maître, Dejaeger a bien jugé et il a fort bien fait d’accompagner ce recueil jusqu’à son édition, nous l’en remercions chaleureusement et pourquoi pas … « mousseusement » en levant notre pinte à sa santé.
D.Bz.
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